Donner aux femmes les moyens d’agir aujourd’hui pour un avenir durable
À l’occasion de la Journée internationale des femmes 2022, nous explorons comment s’articulent genre et changement climatique. Notre propos est de mettre ici en lumière le rôle des normes.
Changement climatique et égalité des sexes sont étroitement liés et ces deux problématiques constituent ensemble l’un des défis les plus pressants de notre époque. Dans cette optique, l’ISO travaille à tous les niveaux à la mise en place des éléments constitutifs qui permettront non seulement d’améliorer la vie des femmes et des filles mais de leur permettre aussi de façonner un avenir meilleur pour elles-mêmes et pour la planète.
Illustrant puissamment la fragilité de la planète, lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’hiver 2022 à Beijing, deux enfants ont roulé un gigantesque globe terrestre sur une mince couche de glace craquelée. Message clair : la planète Terre, notre mère nourricière source de toute vie, est en difficulté. Perturbation des régimes climatiques, hausse des températures, incendies dévastateurs, diminution des réserves d’eau ou phénomènes météorologiques extrêmes, constituent autant d’exemples des conséquences du changement climatique qui touchent toutes nos vies. Mais, comme avec beaucoup d’autres choses dans la vie, les répercussions ne sont pas les mêmes pour tout le monde et les femmes sont plus susceptibles d’être affectées que les hommes.
Selon la CCNUCC, les femmes constituent la majorité des pauvres de la planète. Dans la plupart des régions du monde, les femmes, en particulier dans les communautés rurales, sont tributaires des ressources naturelles essentielles les plus menacées par le changement climatique, ce qui a des répercussions sur les principales responsabilités qu’elles assument, fragilise le tissu social et les pousse encore davantage dans la pauvreté. Leur aptitude à jouer un rôle significatif dans la lutte contre les menaces qui pèsent sur leurs propres moyens de subsistance s’en trouve ainsi encore diminuée.
Inégalités croissantes
António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a reconnu cet état de fait en déclarant : « Il est essentiel de transformer les rapports de force, et cela, pas seulement dans la perspective des droits humains, du développement personnel, de la santé et du bien-être. C’est également indispensable pour régler certains des problèmes les plus graves et les plus difficiles à surmonter de notre temps, de l’aggravation des inégalités et des clivages jusqu’à la crise climatique ». Le thème de la Journée internationale des femmes, qui articule genre et changement climatique, s’inscrit dans le droit fil du thème de la prochaine 66e session de la Commission de la condition de la femme (CSW66) : « Réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles dans le contexte du changement climatique et des politiques et programmes de réduction des risques environnementaux et des catastrophes. »
L’importance de l’autonomisation des femmes dans le contexte du changement climatique a été nettement soulignée lors de la COP26 à Glasgow, avec une journée consacrée au genre. C’est également la raison pour laquelle le thème général de la Journée internationale de la femme 2022 est « L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable », en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation, en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes.
L’ISO a œuvré pour faire évoluer les choses en faveur de l’égalité des sexes.
Attirer l’attention
L’ISO est présente dans ce domaine et a œuvré pour faire évoluer les choses en faveur de l’égalité des sexes. Le Plan d’action de l’ISO pour l’égalité des sexes fixe des objectifs ambitieux pour faire progresser l’égalité des sexes dans le domaine de la normalisation. Lancé en 2019, ce Plan d’action, qui entame maintenant sa deuxième phase, met l’accent sur une participation équilibrée et l’inclusion d’une perspective de genre dans la normalisation.
« Donner aux femmes et aux filles les moyens de se faire entendre, d’être sur un pied d’égalité dans la prise de décisions liées au changement climatique et à la durabilité, est essentiel pour le développement durable et une plus grande égalité des sexes », a déclaré Noelia Garcia Nebra, Responsable Durabilité à l’ISO. « À l’ISO, nous attachons de l’attention aux moyens de subsistance et au bien-être des femmes et des filles dans le monde. Nous sommes déterminés à redoubler d’efforts de manière à accroître le rôle que jouent les normes pour résoudre les défis très réels auxquels nous sommes confrontés en matière de climat et d’égalité entre les sexes ».
L’action au niveau national met en perspective le rôle crucial que les normes peuvent jouer pour transformer la vie des femmes et des filles. L’Afrique du Sud, par exemple, a lancé une initiative pour des produits d’hygiène réutilisables. Dans ce pays, les femmes et les filles qui vivent dans la pauvreté ont de la difficulté à se procurer des produits d’hygiène féminine. Outre la stigmatisation qui entoure la période des règles, elles souffrent souvent du manque d’accès à des produits d’hygiène féminine abordables, ce qui peut être un motif de stress psychologique et physique. Avec des produits d’hygiène intime féminine sûrs et réutilisables, les femmes ne doivent plus renoncer à l’éducation et au travail, et elles protègent également l’environnement.
La norme sur la fabrication de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables publiée par le South African Bureau of Standards (SABS), qui est l’une des premières normes relatives aux serviettes hygiéniques lavables en Afrique australe, ouvre la voie à d’autres pays africains, comme l’Ouganda et le Kenya.
Qualité et sécurité
Sazi Zangqa, Spécialiste Relations internationales au SABS, a déclaré : « Toutes les femmes et les filles ont le droit de vivre leur cycle menstruel dans la dignité, sans honte et sans discrimination. » L’existence d’une norme pour une hygiène menstruelle correcte n’est pas seulement intéressante pour les femmes et les filles. « La société au sens large et les économies nationales peuvent également en bénéficier car la conformité à une telle norme sert de mesure proactive pour gérer et contrôler les non-conformités avant qu’elles n’affectent la qualité et la sécurité des produits en question », a-t-il ajouté.
Une autre initiative de normalisation intéresse également l’articulation genre et climat.
Dans les régions les plus pauvres du globe, la pollution de l’air domestique due aux modes de cuisson traditionnels est un véritable fléau qui a de nombreuses répercussions néfastes sur la vie des personnes : décès prématurés, dégâts environnementaux, systèmes de santé saturés. Les repas sont préparés sur des fourneaux inefficaces et dangereux, à l’aide de combustibles issus de la biomasse (bois, charbon de bois, fumier), sur des feux ouverts, dans des pièces dépourvues de ventilation adéquate. Dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, par exemple, la promotion de programmes en faveur de moyens de cuisson propres aurait des avantages considérables pour la santé et augmenterait l’espérance de vie des femmes et des enfants vulnérables qui sont exposés quotidiennement à la pollution de l’air domestique.
Des solutions efficaces
Des progrès considérables ont été réalisés pour trouver des solutions et la collaboration a été la clé du succès. La collaboration de l’ISO avec the Global Alliance for Clean Cookstoves a débouché sur trois normes ISO (Fourneaux et foyers de cuisson propres) qui aideront à stimuler le marché des foyers de cuisson sûrs et efficients. Les fourneaux propres permettent non seulement de réduire le risque de maladies associées à la pollution de l’air domestique, mais aussi de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces normes, qui ont joué un rôle significatif en renforçant les exigences via la définition de nouveaux objectifs de performance en matière de cuisson propre, devraient inciter fabricants et concepteurs à poursuivre l’amélioration de la qualité et de la conception de leurs produits, permettant ainsi aux femmes de saisir des opportunités économiques et d’accès à l’éducation.
Les secteurs public et privé ont encore du pain sur la planche. Saadia Zahidi, Directrice générale du Forum économique mondial et responsable du Global Gender Gap Report (Rapport du Forum Économique Mondial sur les inégalités femmes-hommes dans le monde) estime que les gouvernements « ont un rôle essentiel à jouer pour combler cet écart, qui s’est encore creusé pendant la pandémie – car le temps nécessaire pour combler les inégalités femmes-hommes dans le monde a augmenté d’une génération, passant de 99,5 ans à 135,6 ans. « Si les entreprises veulent trouver la créativité et l’innovation nécessaires pour sortir de cette crise, la diversité est de mise, et elles doivent y songer aussi dans une optique d’investissement commercial », a-t-elle fait observer.
En veillant à ce que les femmes aient davantage accès aux opportunités offertes par les projets durables, on stimulera la croissance économique, on améliorera les résultats environnementaux et on fera d’elles de véritables actrices du changement. Au moment de son élection en tant que première femme Présidente d’Irlande, Mary Robinson a déclaré : « J’ai été élue par les femmes d’Irlande qui, en sortant du cadre domestique, ont fait bouger les lignes ».
Grâce à l’engagement de l’ISO et à la collaboration de ses membres, l’adoption de normes et d’initiatives permettra aux femmes non seulement de secouer le système, mais aussi de jouer un rôle majeur dans l’élaboration d’un nouveau modèle plus durable.